L’arbre et la biodiversité

De tout temps, l’arbre a habillé nos paysages. En bord de route, de champs, en haut de talus, isolé dans un champ, il marque la vue à des kilomètres. Pourquoi l’arbre revêt une telle importance pour l’Homme, quels rôles joue-t-il au quotidien et quelles fonctions peuvent lui être attribuées?

L’arbre : un habitat privilégié

La haie constitue un habitat privilégié pour différents groupes faunistiques. Les arbres permettent en effet aux oiseaux de nicher, à certains mammifères et amphibiens de passer l’hiver au chaud sous une litière végétale. Beaucoup d’insectes profitent également de la richesse du sol en végétation pour s’y réfugier mais aussi pour se nourrir en toute saison.

La disparition de quelque 1,5 millions de kilomètres de haie suite à la politique de remembrement en France a eu des conséquences désastreuses pour les populations animales dont nous connaissons les conséquences aujourd’hui (30 % d’oiseaux en moins depuis 15 ans, 80 % d’insectes disparus en 30 ans). La sixième extinction de masse est en marche et on en connaît les causes principales : perte et dégradation de l’habitat sous l’effet de l’agriculture et de l’exploitation forestière intensives, de l’urbanisation ou de l’extraction minière. Viennent ensuite la surexploitation des espèces (chasse, pêche, braconnage), la pollution, les espèces invasives, les maladies et, plus récemment, le changement climatique.

Un rapport du Muséum National d’Histoire Naturelle (MNHN), en collaboration avec le Centre National de Recherches Scientifiques (CNRS) a confirmé ce triste constat en juillet 2018.

Depuis 25 ans, en réaction avec cette perte de la biodiversité, des associations se sont créées afin de préserver les essences d’arbres et arbustes locaux, mais également pour en faire la promotion auprès du grand public.

C’est ainsi que Campagnes Vivantes 82 a vu le jour et est aujourd’hui soutenue par des organismes publics pour son rôle d’intérêt général.

L’arbre et la biodiversité par classe :

Les mammifères :

Ce sont des animaux vertébrés dont la caractéristique principale est l’allaitement des petits par la mère. On y trouve les humains, mais également les hérissons, les écureuils, les belettes, et aussi les chauves-souris.

La haie est un refuge pour beaucoup de mammifères nocturnes qui trouvent logis et repos aux pieds des arbres en attendant l’heure de chasser ou de se nourrir.

Nombre de ces mammifères se nourrit des fruits et des bais des arbres et arbustes de la haie. Les chauves-souris, quant à elles se nourrissent d’insectes en tout genre et chassent la nuit. Une chauve-souris adulte mange en moyenne 3000 insectes par nuit. Elle utilise son système d’écholocation (système de repérage dans l’espace). Celui des jeunes est moins performant : il suffit d’une rupture de continuité de 10 m dans une haie pour que le jeune soit obligé de rebrousser chemin, ce qui limite son territoire de chasse, et réduit d’autant ses possibilités de se développer et d’arriver à l’âge adulte.     Certaines chauves-souris hivernent dans des cavités d’arbres morts.

Les oiseaux :

Nul n’ignore que certains oiseaux font leur nid dans les arbres, rassemblant des brindilles et des feuilles pour assurer le confort de leur progéniture.​

Mais savez-vous que les vieux arbres et même les arbres morts servent de lieu de vie à des espèces nocturnes comme la chouette hulotte qui s’empresse de prendre place au creux d’un arbre attaqué ou brisé. Les petites cavités naturelles, elles, accueillent des mésanges.​

Les épineux (prunellier, aubépine, églantier, …) sont des lieux privilégiés pour la pie-grièche écorcheur. Ce petit passereau utilise les épines pour stocker les proies chassées dans la journée et les savourer plus tard.​ Les arbres sont également un lieu de refuge pour tous les passereaux, les dissimulant des prédateurs.​ A l’inverse, pour les rapaces, ce sont des perchoirs, leur permettant de repérer leurs proies et de les attaquer sans être vus.​ Les fruits représentent un garde-manger essentiel aux oiseaux qui les picorent mais également pour ceux qui repèrent les chenilles et qui viennent s’en délecter sur le fruit.​ Les pics, quant à eux, se nourrissent des insectes xylophages (qui se nourrissent de bois).​

Les amphibiens :

Comme leur nom l’indique, il passe une partie de leur cycle de vie dans l’eau (mare, lac, cours d’eau, …) afin de s’y reproduire et d’y déposer leurs œufs. ​

A la fin de la période de reproduction, ils vont se réfugier dans des lieux humides à proximité de leur zone de reproduction. On trouve souvent des grenouilles sous un caillou, au pied d’arbre, celui-ci leur assurant le ruissellement des eaux de pluies pour les rafraîchir et assurer leur survie, les amphibiens ne respirant que par la peau. ​

Les arbres bordant un cours d’eau ou un point d’eau (mare, lac, étang) sont essentiels à différents titres : ​                                                                                                      → ils assurent le maintien des berges par leur système racinaire                            → ils forment un refuge pour les espèces liées à l’eau.​                                                  → ils limitent les températures extrêmes (rafraîchissent la zone d’ombre en été et dégagent de la chaleur en hiver)​

Les insectes :

Ils constituent la classe animale la plus large avec près d’1,5 million d’espèces.​Certains sont carnivores, omnivores, ou encore détritivores (se nourrissent de débris végétaux, animaux ou fongiques). ​

80 % des espèces végétales dépendent de la pollinisation, on estime à 200 milliards d’euros les services rendus par les pollinisateurs dans le monde. Les abeilles sont le porte-drapeau de ces insectes pollinisateurs mais beaucoup d’insectes ont la même fonction : les bourdons, les papillons et même les guêpes !

Afin de s’assurer de leur présence, il est nécessaire de disposer d’une richesse floristique et d’être certain.e de leur floraison. C’est notamment pour cette raison que les essences végétales locales sont les mieux adaptées.​

 

Pourquoi les essences locales sont-elles plus adaptées?

L’anecdote de l’azuré des mouillères : ​

C’est un papillon qui affectionne les zones humides.  Il vit en symbiose avec la Gentiane des marais, sur laquelle la femelle pond exclusivement ses œufs. Après éclosion, les chenilles se laissent tomber à terre. Par l’émission d’une substance imitant à la perfection les phéromones des fourmis Myrmica, les chenilles se font transporter dans la fourmilière où elles seront nourries « gratuitement » pendant 1 à 2 ans.

Source : réserve naturelle des Sagnes (Auvergne)  

Le cas du Buddleia ou l’arbre à papillons.

Cet arbuste origine de Chine a été importé en qualité de plante ornementale mais il a tendance à devenir envahissant dans nos régions car il occupe la niche écologique d’espèces autochtones qui n’ont pas résisté à sa concurrence. ​
Contrairement à son surnom, il ne convient pas à nos papillons. En effet, si les fleurs sont attirantes pour les papillons, les feuilles quant à elles ne sont consommées par aucune de leurs chenilles.
Voilà l’illustration d’une espèce végétale importée qui prend la place d’espèces locales mais qui n’en remplit pas toutes les fonctions.​